Le travail du grès
Roches de Grès
On appelle grès, des roches sédimentaires formées essentiellement de grains de quartz. Les grès de la région de Fontainebleau ont été formés par le sable blanc à l'ère tertiaire, Le sable s'étant transformé en roches par consolidation de grains avec un ciment naturel produit par l'évaporation de l'eau traversant ces sables désertiques, cela a demandé un temps géologique très long.
>> Les tailleurs de pierres
Travail du grès
Le débit:
Les carriers, tailleurs de pierres, débitent les roches en les fendant "les grès sont trop durs pour être sciés, ils usent l'acier ".
Pour ce faire ils utilisent une pointe ou broche qu'ils frappent avec une massette. Ils font dans le grés une ou plusieurs boites sur une même ligne, leur nombre sera en fonction de la dureté du grès et de l'importance du volume .
Ils placent dans la boite faite en forme de V un coin d'acier dont l'extrémité pénétrante est tronquée, il agit en force sur les côtés.
A l'aide d'une masse les coins sont frappés alternativement, ils pénètrent de force entre les parties de grès qui s'écartent.
Pour que la fente soit droite, la séparation des blocs doit être faite par le milieu, il faut qu'il n'y ait aucune résistance au contact des roches.
Elle doit être libre pour réduire l'effort de séparation, le sable de dessous est "détassé" à l'aide d'un béchon, (petite bèche à long manche comme la pelle à enfourner du boulanger.)
Supposons une roche isolée moyenne pour obtenir le meilleur résultat possible, elle sera partagée en deux blocs, qui a leur tour seront séparés en parties égales pour enfin arriver à la grosseur d'une bordure de trottoir "mesure moyenne 1m de long 0,30 de haut 0,18 d'épaisseur".
Pour obtenir un pavé, il faut maillonner une bordure . Tracée a l'aide d'un ciseau plat sur le travers, elle est ensuite retournée sur du sable meuble et frappée perpendiculairement avec une masse juste au dessus du tracé. Une fente se crée et remonte produisant une coupe franche.
Si le pavé est trop gros, il est placé sur un baquet rempli de sable , il est alors facile d'en faire deux.
La taille
La forme définitive ainsi que la mesure souhaitée du pavé, sont donnés par la taille. Le tailleur de pierres se sert alors d'une chasse ou ciseau-massette (ciseau a 2 tranchants) qui par sa forme déporte le coup vers l'intérieur de la pierre, ce qui permet de faire de gros éclats et même de petites levées de pierres. Les pavés etaient encore utilisés au siècle dernier, jusqu'à la guerre de 1940, il était courant que les Maitres-carriers, tailleurs de pierres se déplacent pour aller sur les chantiers de réfection des chaussées, faire de la retaille de pavés et bordures. Très gros sous le règne de Napoléon III, "les batards" d'ou leur appellation, étaient transformés en petits pavés ....
En 1900 on les tranforme en dimention luxueuse pour les beaux quartiers parisiens (14x16x20 Boutisse). Les chaussées devaient être résistantes à l'époque pour supporter les roues des chariots de bois cerclées de bandages de fer, ainsi que les fers des chevaux .
NOTES
Depuis 1923, les tailleurs de pierre venus d'Italie apportèrent une nouvelle méthode pour fouiller les boites à coins.
La massette est utilisée pour la taille, les outils sont forgés fréquemment par les carriers, qui utilisent une meule à affûter...(faite en pierre de grès )
Le Batard : 0.25 x 0.25 x 0.25 = 30 kg
Le Gros deux : 0.25 x 0.20 x 0.18 = 30 kg
Le Boutisse : 0.20 x 0.30 x 0.18 = 30 kg
Description sommaire mais exacte, vu par un Maitre-carrier, Mr Jean Fornarelli, fils d'un émigré Italien, arrivé dans la région en 1903. Apprenant le métier avec son père, à l'âge de treize ans, il continuera son activité pendant 44 ans pour finir dans la maçonnerie. Il roula sa bosse pendant les dix ans qui précèdent la guerre de 39-45, taille et retaille des pavés à Milly la forêt, dans la région et à Paris. Il exercera son métier dans la région (La charme, le Coquibus ,Chalmon, le Bois Rond, La guichère ...)
Métier dangeureux à cause de la poudre fine de grès qui vole dans l'air, provoquant La "Silicose" maladie bien connue des carriers qui réduit l'oxigénation du sang (Poussière de silice dans les poumons ).
Métier abandonné de nos jours par l'emploi de bordures de ciments et revêtements de bitume, ne nous autorise pas à oublier ces artisants d'art qui ont contribués à l'embellissement de notre environnement .
Texte de Lucien Estrade 1983